Si vous demandez à quelqu’un s’il est ouvert au changement, il répondra facilement oui. Et si vous posez la question à une personne qui vit particulièrement sur la défensive, elle répondra “ça dépend”. « Tant que les choses sont faites de manière à préserver mes intérêts alors oui, je suis favorable au changement ».
Toutefois, c’est le contraire qui se produit dans la vie pratique. Très souvent, la plupart des personnes choisissent de ne pas changer, même si c’est pour le meilleur.
En effet, les gens préfèrent conserver une forme de statu quo autour d’eux. Ils veulent garder les mêmes habitudes, les mêmes routines, les mêmes types de relations avec les autres. Quand bien même ces habitudes et ces relations sont négatives ou que ces routines sont des addictions nocives. Il est bien plus confortable pour eux de rester où ils sont actuellement, en terrain parfaitement maîtrisé, bien que malheureux. « Mieux vaut un diable qu’on connaît qu’un ange dont on ne sait rien » comme beaucoup affirment.
Pour ces personnes, aller vers des terrains inconnus, faire des efforts, devenir une meilleure personne physiquement et mentalement sont des missions trop difficiles. Elles se sentent faibles et fragiles de se lancer dans des projets aussi exigeants pour leur esprit et pour leur corps. Alors, lorsqu’on leur propose de changer pour s’améliorer, ces personnes résistent. Nous sommes presque tous concernés par cette condition humaine.
Nous refusons de voir et d’accepter la réalité. Malgré les faits pourtant tangibles, nous nous cherchons des excuses. Nous utilisons toute notre intelligence pour trouver des justifications. Très souvent nous nous servons de nos “mauvaises” expériences passées pour bien s’installer dans notre confort. On se moque de la proposition de changement. On bombe le torse en disant : « Qu’est ce qui nous garantit qu’on aura le résultat promis ? Qu’est ce qui prouve que ça marchera ? », « Je me connais. Je sais que je ne peux pas faire ça”. Ou encore, on se débrouille à trouver des exceptions, des cas de figure qui n’ont pas marché. Juste pour maintenir nos comportements intactes, même lorsque la situation est précaire.
Le déni est la réaction la plus prévisible face au changement. C’est un mécanisme de défense psychologique inconscient qui consiste à refuser de reconnaître une réalité douloureuse, menaçante ou inconfortable. Il s’agit d’une façon de se protéger face à une situation difficile à accepter. Par exemple, le déni peut nous amener à minimiser la gravité de nos problèmes, de notre égo, de nos difficultés de communication, de notre agressivité, de nos insomnies, de notre isolement, de notre procrastination, de notre rêverie ou de notre paresse.
« Si je passe 4h par jour sur mon téléphone c’est parce que j’ai des choses à faire ». « Je m’ennuie, j’ai envie de me divertir ». « Ça ne fait pas de mal de toutes façons ». Parallèlement, un cours en ligne de 4h sur Microsoft Word ou sur Comment parler en public vous permettrait pourtant d’acquérir des compétences essentielles pour présenter un travail de qualité dans votre carrière. Mais vous préférez rester dans l’incompétence et dans l’orgueil de penser que, parce que vous avez l’application Word dans votre téléphone alors vous savez vous en servir convenablement.
La forme de déni la plus destructrice est probablement le déni de la responsabilité personnelle.
En effet, beaucoup de gens ont tendance à attribuer leurs difficultés, leurs échecs ou leur manque de progrès à des facteurs externes : la malchance, le mauvais cœur des autres, les circonstances, le manque d’argent, le régime, la sorcellerie, le destin, les démons etc. Bien que ces facteurs puissent effectivement « jouer un rôle », le déni de votre part de responsabilité personnelle vous empêche de reconnaître votre propre influence sur votre vie et votre capacité à y apporter des changements.
Ce déni peut se manifester de plusieurs manières:
- Blâmer les autres : Attribuer ses problèmes aux actions ou aux défauts des autres, sans examiner son propre rôle dans la situation. Ce sont les autres qui doivent changer.
- Se victimiser : Se considérer comme impuissant face aux circonstances et refuser de prendre des mesures pour améliorer sa situation.
- Rationaliser : Trouver des excuses logiques mais souvent fallacieuses pour justifier son inaction ou ses mauvais choix.
- Éviter la confrontation : Ignorer ou minimiser les problèmes et les défis au lieu de les affronter activement.
Nous préférons le confort de la facilité et de l’ignorance. En cas de besoin, nous projetons nos propres pensées ou comportements inacceptables sur d’autres personnes : “ Je ne bois pas tant que ça, Eric boit plus.” ; “ Moi je dors même 5h, Sophie se couche à minuit et se réveille à 4h du matin chaque jour. “ ; “ Je ne suis pas si gros que ça, tu as vu le ventre de Cédric ? Qui a même dit qu’on devait avoir des ventres plats ? “; « Les autres le font sérieusement, moi c’est juste pour rire. »
Ce mécanisme vous empêche de reconnaître les problèmes et les schémas de comportements négatifs que vous avez. En principe, vous êtes suffisamment grand pour savoir que tant qu’un problème n’est pas reconnu, il est impossible de le résoudre ou de le surmonter de façon durable. Vous savez qu’il continuera de vous ronger, que vous l’acceptiez ou non.
On voit tous les jours dans les médias des personnes déclarer avoir réussi tout seul. D’avoir fait d’eux ce qu’ils sont aujourd’hui. Ces personnes s’attribuent tout le mérite de leur réussite. Mais on ne voit personne reconnaitre avoir fait de lui un raté. D’avoir pris les mauvaises décisions et d’avoir agi dans le sens de saboter sa propre vie.
Personnellement, je vous encourage à affronter vos peurs. A reconnaître sincèrement vos faiblesses et vos erreurs. D’accepter leurs niveaux de gravité réels. Vous n’en mourrez pas. Au contraire, ce sera un signe d’une grande force intérieure. Et par conséquent, ce sera le début de votre chemin vers un bien être réaliste. Puisque reconnaitre n’est que le début du processus, par la suite il faut changer. Il faut passer à l’action pour devenir meilleur.
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Si vous n’acceptez pas objectivement que vous êtes dans le déni, il vous détruira de l’intérieur. A petit feu mais de manière certaine. Il pourrira les relations que vous avez avec les autres. Comment voulez-vous que des personnes bienveillantes restent dans votre vie si vous êtes incapable de reconnaitre vos torts et d’accepter la réalité. Elles partiront toujours loin de vous.
En persistant dans votre déni, en continuant d’ignorer vos problèmes vous risquez de les aggraver. A un certain point, les problèmes en question ne pourront plus être résolus sans l’assistance d’un professionnel de la santé mentale ou un médecin. Il vous faudra un psychologue pour traiter votre dépression et vos addictions. Un cardiologue pour votre hypertension ou votre AVC. Un pneumologue, en conséquence de toutes ces chichas que vous avez fumé.
Le déni est tellement prévisible qu’on est presque sûr de comment les gens réagiront lorsqu’ils se rendront compte qu’ils doivent changer pour devenir meilleur.
Par conséquent, vous devez vous y préparer. Vous devez anticiper votre propre déni. Lorsqu’on vous dira que vous pouvez faire mieux pour vous organiser, pour prendre soin de vous, pour réaliser vos projets, acceptez-le. La réalité c’est que vous pouvez vous améliorer. Vous le savez. Vous devez faire mieux malgré les difficultés. Pour vous et pour les personnes qui vous aiment. En admettant que vous laisserez de côté votre orgueil.
Reconnaissez que vous essayez souvent de nier certaines choses. Acceptez la réalité, acceptez les faits, même s’ils sont douloureux. Même s’ils vous font honte. Prenez sur vous s’ils vous font « Grrr ».
En définitive, retenez qu’il est nécessaire pour vous d’apprendre à accepter vos forces et à reconnaitre vos faiblesses. C’est la première étape pour surmonter le déni. Ce processus peut être difficile, surtout lorsqu’il s’agit d’affronter les bêtes noires qu’on essaie d’enfouir au fond de nous. C’est un exercice qui prendra du temps, mais il est possible d’y arriver avec de la persévérance. Vous ferez déjà d’énormes progrès si vous arrêtez de saboter votre existence. Il serait aussi judicieux de demander du soutien à votre entourage. Les personnes qui vous aiment peuvent tirer la sonnette d’alarme pour vous lorsque vous sombrez dans le déni pendant trop longtemps.
Si vous avez quelques choses d’utile à partager en commentaire, n’hésitez pas.
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Tres propre sur toute la ligne. Je me souviens toujours d’un sage papa que nous avions un jour rencontre alors que nous etions encore des jeunes etudiants, il nous avait dit ceci « quand tu pointes du doigt quelqu’un ou quelque chose comme la cause de tes problemes, observe que trois autres doigs pointent vers toi » autrement–dit tu es a 75% la cause de tres problemes! Cette rencontre avec ce papa avait eu une influence significative sur ma relation avec moi-meme et avec les autres.
Merci Arisber
Merci pour cet article. Malh, parce qu’il aime avoir le contrôle sur tout, l’être humain n’est pas ouvert au changement. Or, c’est avec le changement que se produit la « magie ». C’est parce qu’il y a eu un mouvement tectonique, donc un changement, qu’il y a eu la création de montagnes que nous aimons tant observer. Donc, le changement, il faut l’embrasser et plus on est en mouvement, plus on est résilient, mieux on s’adapte au changement et parfois on le provique même.
C’est une bonne chose que vous ayez cet état d’esprit. Il faudrait continuer à en faire bénéficier vos connaissances et les accompagner vers les changements qui leur font peur.
Mon problème n’est pas au niveau du déni, je les reconnais soit par moi même soit par un tiers
Le défi se trouve au niveau de la force de changement temporaire voire définitive
C’est déjà un grand pas d’être conscient de vos problèmes. C’est aussi très bien de tenir compte des retours de votre entourage. Il faudrait commencer par des problèmes dont la solution est simple à mettre en place. Si ce n’est pas le cas, découpez le problème en petit morceaux que vous attaquerez petit bout par petit bout. Je prépare un article détaillé sur le sujet. Merci pour votre fidélité.